Il n’est pas courant d’être prophète en son propre pays, mais lui y est parvenu. César Manrique est la référence canarienne de l’art moderne. Architecte, paysagiste, sculpteur, peintre… Cependant, il fut et est bien plus qu’un artiste aux multiples facettes qui a laissé son empreinte, c’était un visionnaire qui a façonné et défini l’essence de son œuvre majeure : son île natale, Lanzarote.

Né à Arrecife (Lanzarote) en 1919, César Manrique fit ses études à Madrid, abandonnant l’architecture pour étudier les beaux-arts. Il s’installe ensuite à New York, le haut lieu de l’art dans les années 1960. Et c’est au cœur de la grande ville qu’il commença à avoir la nostalgie de son île et de sa nature volcanique jubilatoire.
Il écrivit lui-même à son ami, l’artiste Pepe Dámaso :
« J’éprouve de la nostalgie pour l’authenticité des choses. Pour la pureté des gens. Pour la nudité de mon paysage et pour mes amis. L’homme à New York est comme un rat, il n’a pas été créé pour cette artificialité. Il y a un besoin impérieux de retourner à la terre. De la palper. De la sentir ».
Lorsque nous évoquons le fait que César Manrique était un visionnaire, nous voulons dire qu’en plus d’être un artiste, c’était un promoteur et un fervent défenseur de la durabilité et du paysage à une époque où la sensibilisation à ce sujet n’existait pas.
Sa vision sur la relation entre la nature, l’homme et l’art étaient uniques à cette époque et absolument nécessaires de nos jours.

Les 4 éléments clés qui faisaient de César Manrique un véritable visionnaire
Sa lutte intense pour la défense du paysage
L’obsession de l’artiste était de conserver et de préserver les paysages magiques de Lanzarote. Là où la plupart des gens ne voyaient que des pierres et des terrains vagues, il observait une beauté infinie.
Son besoin d’intégrer l’art à la vie
Ses chefs-d’œuvre ne pouvaient être transportés dans aucun musée car César Manrique considérait l’art comme un élément qui devait coexister en harmonie profonde avec la nature et la vie quotidienne des gens.
Sa lutte et son activisme pour un tourisme réellement durable
Les îles Canaries ont toujours été la poule aux œufs d’or, un paradis naturel où le printemps est éternel.
Et la facette la plus militante et rebelle de l’artiste est clairement marquée par sa lutte contre la spéculation touristique et l’essor de la construction incontrôlée dans les années 70 et 80 pour exploiter le potentiel économique des îles.
César Manrique était conscient du fait que Lanzarote devait aller à l’encontre de la tendance à la destruction d’espaces et à la construction de grands complexes touristiques. Pour être une référence mondiale, elle devait être différente, et combiner de manière subtile l’art, la nature et l’écologie. Son approche était d’une logique accablante, si l’on copiait le modèle touristique d’ailleurs, pourquoi les gens voudraient-ils venir ici ?
D’ailleurs, c’est sur la base de cette manière d’appréhender le tourisme que César Manrique conçut les Centres d’Art, de Culture et de Tourisme. De véritables œuvres d’art fondues dans l’environnement de Lanzarote qui permettent de découvrir l’île d’une manière unique.

Son respect pour les traditions
À son retour de New York, il initia une lutte visant à sensibiliser les habitants à la valeur de l’architecture traditionnelle de l’île.
Il expliqua l’importance de ne pas se laisser entraîner par la tendance à utiliser des matériaux modernes tels que l’aluminium au lieu du bois et encouragea, entre autres, le respect des codes de couleurs classiques. Grâce à lui, Lanzarote conserve ses maisons blanches aux charpentes bleues si elles se trouvent à moins de 300 mètres de la côte et vertes pour les maisons de l’intérieur.
Lanzarote, l’œuvre majeure de César Manrique
Une balade sur l’île est incontestablement une balade à travers le regard de César Manrique. Lanzarote est à la fois témoignage et décor de sa grande ambition en tant qu’artiste, de sa vision de l’avenir ; c’est son grand chef-d’œuvre.
Pour comprendre l’ampleur de l’héritage de César Manrique, il faut parcourir Lanzarote, puis quitter l’île en direction de n’importe quelle autre destination touristique.
C’est seulement à travers ce contraste de réalités que vous serez réellement en mesure d’apprécier la beauté et l’harmonie d’une île unique.
Voici les œuvres de César Manrique que vous ne pouvez pas manquer si vous séjournez à Lanzarote :
Jameos del Agua

Il s’agit du premier Centre d’Art, de Culture et de Tourisme conçu par César Manrique et de l’un des exemples les plus évidents de l’harmonie entre art et nature.
Pour créer cette œuvre, l’artiste a utilisé l’intérieur d’un tunnel volcanique dans lequel il a créé un auditorium naturel d’une beauté indescriptible. Et, à côté, vous pouvez profiter d’un jardin de palmiers avec un lac artificiel turquoise.
Mirador del Río

Inauguré dans les années 70, il s’agit de l’une de ses œuvres architecturales les plus représentatives.
Situé sur un promontoire, il offre une vue imprenable sur Lanzarote et l’archipel de Chinijo.
Depuis le belvédère, vous pouvez admirer les flancs du Risco de Famara, puis « El Río », une étroite bande de mer qui sépare Lanzarote et l’île de La Graciosa. Derrière, vous pouvez également distinguer Montaña Clara, Roque del Oeste et Alegranza qui, avec le Roque del Este, forment l’archipel de Chinijo.
Ses Jouets du vent

L’œuvre de l’artiste ne se limite pas à l’architecture, elle a également laissé un important héritage sculptural, et ses « Jouets du vent » : il s’agit d’énormes sculptures mobiles qui se trouvent à différents endroits de Lanzarote : le rond-point de Tahíche, l’aéroport, le rond-point de la Avenida de las playas (à Puerto del Carmen) …
Lanzarote reste son grand chef-d’œuvre. Son empreinte a été gravée sur l’île pour toujours, tout en conservant la magie que vous ressentirez dès que vous mettrez le pied sur l’île.