De nombreuses villes ont marqué la vie de Pablo Picasso, l’un des artistes les plus importants du XXe siècle. Malaga, sa ville natale, Barcelone, où il a grandi, ou Paris, où il a encouragé de nouveaux mouvements artistiques sont quelques-unes d’entre elles, mais La Corogne est la ville où est né le Picasso artiste.
C’est en octobre 1891 que la famille Ruíz Picasso s’installe au numéro 14 de la rue Payo Gómez à La Corogne, à proximité de l’École des Beaux-arts, où le père de famille exerce comme professeur seulement un an après l’inauguration du centre. Une partie de l’enfance de Pablo, entre 10 et 14 ans, s’est déroulée entre les pinceaux et les rues de la ville, marquant ainsi le début d’une carrière plus que prometteuse.
L’empreinte de La Corogne sur Picasso
Pour ses premières œuvres, le petit Picasso n’avait qu’à regarder autour de lui. Certains de ses premiers dessins dépeignent les habitants de La Corogne, des lieux tels que l’église Saint-Georges, ou les plages centrales de Riazor et Orzán, qui constituent tous des sites du parcours picassien que l’on peut désormais emprunter à travers la ville.

Ses inspirations ne seraient pas complètes sans la Tour d’Hercule, le phare d’époque romaine qui est le plus ancien du monde encore en fonctionnement, et qui, à la fin du XIXe siècle, émerveillait déjà le natif de Malaga. Le peintre a représenté l’actuel Patrimoine mondial dans une huile sur toile et également dans l’un des journaux de travaux manuels dont il était éditeur. Père et fils ont même rebaptisé le phare « Tour de caramel », en référence à la façon dont la lumière du soleil se reflète sur le granit. Il s’agirait également du titre de l’une des œuvres de Picasso.

De sa première période en tant qu’artiste est née « La fillette aux pieds nus », son premier chef-d’œuvre que l’on peut admirer aujourd’hui au Musée Picasso de Paris. Mais La Corogne fut la première ville à accueillir une exposition de Picasso.
La toute première fut inaugurée au numéro 20 de la Calle Real, qui était alors un magasin de meubles et, dans sa vitrine, l’on pouvait admirer certaines de ses premières toiles, probablement peintes à l’École des Beaux-arts. De nouvelles expositions suivirent dans un autre des établissements de cette même rue, après avoir reçu d’excellentes critiques de la presse locale qui prédisaient déjà un « avenir brillant » pour l’artiste.
C’est à cette époque que commencent à apparaître certains de ses leitmotivs récurrents : les faunes, dont il ferait un modèle en plâtre, ou « l’homme au mouton », qui se trouvait déjà dans son iconographie de La Corogne dans un fusain de 1894. Les pigeons étaient également présents. On dit que l’un des plus beaux tableaux peints par son père, une huile sur toile représentant un pigeonnier, présentait quelques coups de pinceau du jeune Pablo sur les pattes des oiseaux.
L’aventure de Picasso à La Corogne se termine amèrement en 1895, avec le départ de la famille à Barcelone après le décès de sa sœur Conchita par la diphtérie. La petite fille fut enterrée dans le cimetière de San Amaro, l’un des plus anciens d’Europe, et décor de l’œuvre « Oraison funèbre pour le décès de Conchita de Picasso », que Pablo peignit peu après.

L’empreinte de Picasso sur La Corogne
Le passage de Pablo Picasso dans la ville de La Corogne est encore palpable aujourd’hui. L’École des Beaux-arts n’est plus située sur la place de Pontevedra, comme à la fin du XIXe siècle. À sa place, le bâtiment accueille désormais le lycée Eusebio da Guarda, et à l’entrée, l’on peut voir une statue de la Colombe de la Paix qu’il a conçue pour le Congrès mondial de la paix de Paris de 1948.

Aujourd’hui, la nouvelle Escola de Arte e Superior de Diseño porte son nom, Pablo Picasso, et est située depuis 1988 face au front de mer. Cent ans plus tôt, le natif de Malaga y avait étudié des matières comme Dessin de silhouette et ornement, avec son père José Ruiz Blasco et les maîtres Román Navarro ou Antonio Amorós y Botella comme professeurs.
Au cours de ses années d’études, Picasso est passé de la copie de plaquettes d’auteurs français à une maîtrise complète du dessin académique de la nature, excellant parmi les élèves.
Maison musée
De nos jours, l’on peut visiter le numéro 14 de la rue Payo Gómez, la maison dans laquelle l’artiste a grandi et aujourd’hui transformée en Maison musée. Située dans un bâtiment de style classique de La Corogne avec des galeries en bois, elle fait remonter les visiteurs aux années 90 du XIXe siècle, en arrêtant le temps à l’époque des premiers pas de Picasso en tant qu’artiste. Le chevalet et le tabouret qu’il utilisait pour peindre y sont encore conservés.

Sur ses murs, on peut admirer des reproductions de l’œuvre de Picasso de La Corogne ainsi qu’une gravure originale. Plus de 30 œuvres font partie de la Maison musée, dans laquelle on peut visiter l’exposition permanente « Songe et mensonges de Franco ».

En 2023, à l’occasion de l’Année Internationale de Picasso célébrée conjointement par l’Espagne et la France, le premier étage du bâtiment sera réaménagé, coïncidant en outre avec le XXe anniversaire de l’inauguration de la Maison musée.
La Corogne célébrera les 50 ans de la mort de cet artiste universel avec l’exposition « Univers picassien – Hommage à Pablo Picasso lors de sa période à La Corogne » au Kiosco Alfonso, « L’Humour parle de Picasso » à l’occasion de la Rencontre mondiale de l’Humour et l’exposition « Picasso blanc dans le souvenir bleu » au Musée des Beaux-arts. En outre, la troisième édition du Congrès international des arts et de l’éducation se tiendra à la Fondation Luis Seoane et accueillera un cycle de conférences sur la figure de la femme dans l’œuvre de Picasso.